mardi 24 mai 2011

Mémoires de RENE SIM LACAZE, le plus grand dessinateur de Van Cleef de Paris.



Cliquer sur toutes les photos pour les agrandir

René Sim Lacaze a écrit ses mémoires. Il avait de quoi raconter puisqu’il est né en 1901 et mort en 2000.

Il a été décrit par la famille Arpels comme le grand collaborateur de Madame Puissant Van Cleef et il est le seul qui écrit à son sujet le mot de « directrice artistique ». Du moins avant que Madame Possémé n'écrive dans le catalogue de 2013 pour l'exposition de Van Cleef au Musée des Arts décoratifs. Livre pour lequel je n'ai pas été consulté, mais qui s'est copieusement inspiré de mon blog et de ses révélations.

René Sim Lacaze dit de son deuxième prénom que, voulant participer à une exposition de peinture, il se trouva plusieurs Lacaze et qu’on lui demanda de se différencier, alors, comme sa fiancée de l’époque se prénommait Simone, il prit comme deuxième prénom…Sim.

Point n’est besoin de superlatifs pour Renée Rachel Puissant/Van Cleef, la fille du créateur de la célèbre joaillerie de la place Vendôme, elle a prouvé en tant que patronne de la maison qu’elle avait du courage à la fois pour reprendre cette maison en 1938 à la suite du décès de son père et surtout pour avoir organisé la fausse aryanisation de la maison Van Cleef avant même que les allemands et les collabos vichyssois le réclament.

Comme de nombreux patrons français de confession juive, elle savait ce qui attendait son entreprise.



Ses cousins Arpels,*, prirent la poudre d’escampette vers les États unis en 1939 et 1940, pendant qu’elle organisait cette « Aryanisation–bidon » avec la complicité du Comte Paul de Leseleuc, son assureur qui lui aussi ne manquait pas de courage pour oser défier le Militärbefehlshaber in Frankreich et les séides du Maréchal Pétain.* (pas tous ; Esther Van Cleef était à Cannes et à la fin de guerre se réfugia à Embrun dans les hautes Alpes, Lea Arpels née Grumberg, n'a pas laissé de traces pendant cette guerre, mais était dans le midi de la france, Jacques Arpels et sa femme étaient à Cannes et n'ont quitté la France que le 9 mai 1944 pour passer la frontiére Suisse).

En 1923 René-Sim Lacaze venait de terminer 26 mois de service militaire et décidait de faire le tour des grands joailliers de l’époque pour trouver du travail. Ce jour-là il s’était préparé dès sept heures du matin et avait soigné sa tenue vestimentaire.
A Huit Heures, il arpentait la rue de la Paix, ayant pris sous le bras son carton à dessin, et … 
« Janesich, Lacloche, Cartier, Boucheron, Chaumet, Van cleef et Arpels furent les premiers à me recevoir »

Dans cet article, toutes les lignes en italiques sont recopiées scrupuleusement à partir des mémoires de René Sim Lacaze ," Joyaux et Confidences".


Enfin il est reçu chez Van Cleef par « Monsieur Puissant, gendre de Monsieur Van Cleef »
Révélations étonnantes pour un homme dont jamais la famille Arpels n’a parlé. Émile Puissant lui demanda « Pourquoi voulez-vous entrer Chez Nous ?».



Quand on n'a pas de photos, on les cherche dans la presse de l'époque 1936 dessins de René Sim Lacaze .

Qu’importe ! Émile puissant le reconvoque quelques temps plus tard pour lui indiquer des conditions de travail, tels « pas de semaine Anglaise » Il lui fut précisé qu’il devrait faire ses preuves dans les différents services tels que la manutention, mais « je ne l’écoutais plus, j’étais prêt à tout accepter »

Il rentra donc chez Van Cleef.

 

Si la duchesse a inspiré Renée Puissant pour ce collier en 1950, c'est à titre posthume, Renée Puissant est morte en 1942.

Je croyais que Monsieur Puissant n’était chargé que de la publicité, je ne puis vous dire que j’apprécie son travail de publiciste, mais à l'époque c’était une révolution, dans mon livre « l'histoire des Van Cleef et des Arpels » je cite ses publicités, mais René Sim Lacaze nous apprend dans ses mémoires qu’Emile Puissant  "jouissait auprès de son beau-père d'une confiance absolue  de la part de son Beau Père Alfred Van Cleef" mais, et là il ne fait que conforter mon idée, celle d’une personne qui est baignée dans l’atmosphère de la maison Van Cleef depuis plusieurs mois, il ajoute :
« Il assurait la liaison entre tous les membres du personnel et avec beaucoup de diplomatie faisait régner, non sans mérite, l’entente nécessaire entre les vendeurs presque tous de la famille Arpels »

 

Du rené Sim Lacaze de 1937 


Nous y voilà, enfin une personne qui confirme mes informations, Alfred était le fondateur de la maison, aidé financièrement par son futur beau-père Mr Arpels, Salomon Lion, et non Salomon Charles, et les Arpels de la génération suivante sont entrés dans la maison par héritage (si je puis dire) après la mort de Salomon Lion le 24 novembre 1903, grâce à leur sœur Esther et aux actions de Papa.

Et René Sim Lacaze ajoute : "Souvent surgissaient entre eux des chamailleries qui se muaient en discorde. C’était au sujet d’un client dont les deux protagonistes revendiquaient la… propriété…La discussion s’intensifiait selon l’importance du client car les vendeurs, en dehors d’un fixe, étaient rétribués au pourcentage des ventes. L’enjeu était considérable……le débat devenait si violent que Monsieur Van Cleef lui-même devait intervenir pour calmer les esprits et régler le conflit "



Plus avant dans son livre :

« Chargé de l’ouverture et de la fermeture des coffres forts, Monsieur Puissant arrivait le premier le matin et était le dernier à s’en aller le soir, d’un dynamisme contagieux, il nous entraînait dans son sillage »
« Il fut à mon égard d’une bienveillance exceptionnelle et surveilla étroitement mon évolution artistique »

Ainsi donc Émile Puissant fut le premier directeur artistique de la maison, car " doté d’un goût très sûr,"

En revanche lorsque René Sim Lacaze écrit qu’Emile Puissant « fut le génial instigateur, en 1925 et les deux années qui suivirent, d’une vente exceptionnelle de fin d’année »

C’est une petite erreur de sa part car Émile Puissant commença ces ventes en 1921, et déjà depuis 1917, il faisait publier des publicités indiquant que chez Van Cleef la taxe de luxe était supprimée… bien entendu, les confrères qualifiaient ces ventes de …brocante….


René Sim Lacaze 

Sauf que bien avant tout le monde en matière de joaillerie, Émile avait compris qu’il fallait se débarrasser des « nanars »
Une autre erreur incompréhensible de la part de René Sim Lacaze lorsqu’il prénomme madame Van Cleef, la femme d’Alfred, « Estelle », elle s’appelait et s’est toujours appelée au long de sa vie
 « Esther » mais la fin du livre de René Sim peut nous éclairer sur l’emploi de ce prénom.

De même quand il écrit qu’Emile Puissant a eu un accident fatal dans la « turbie », L’accident a eu lieu au Cap D’ail dans le virage de la teinturerie de Monaco. Est-ce pour rapprocher le virage ou est décédée Grâce de Monaco avec celui ou Émile puissant est rentré dans un arbre ? Lui aurait on suggéré ?




Avant que je ne le publie, personne n'a écrit sur ces faits dont la presse avait rendu compte


Renée Rachel Puissant




Une photographie nous montre René Sim Lacaze avec toute l'équipe de Van Cleef et Arpels indiquant la date de 1915, René Sim aurait eu 14 ans ? Allez, je pinaille, il y a tellement d'erreurs dans ce texte, mais cette photo, je l'ai aussi… René Sim est allongé au premier rang a droite

René Sim Lacaze nous explique qu’après la mort d’Emile Puissant, Madame Puissant vint au magasin prendre la direction artistique, cela parait logique, son mari venait de mourir, on lui trouvait une place, elle remplaçait son mari, ce lui fut certainement bénéfique.
« Très vite je devins son principal collaborateur…elle fut pour moi la précieuse inspiratrice de projets audacieux...parfois hors de prix ce qui me valait les reproches de son père…et lui faisait dire…Lacaze, vous ne créez plus que des objets qui me coûtent une fortune…Mon étroite collaboration avec Madame Puissant faisait merveille : elle confessait volontiers qu’elle ne dessinait pas »

En effet Renée Rachel était infirmière de formation, comme sa maman et je suis satisfait que René Sim Lacaze confirme ce fait qu’elle ne savait pas dessiner.



« Lorsque certaines propositions de dessins nous parvenaient de l'extérieur, elle me disait……c’est intéressant mais, Lacaze, arrange çà pour que ce soit du Van Cleef! »
Que ce soit pour l'expo de 1925 (c’est Salomon Arpels qui fut décoré de la Légion d’honneur), ou la suite, le style Van Cleef c’était Lacaze.

René Sim Lacaze se maria le 6/6/1928 à l’Eglise Saint Roch a Paris, il eut la Surprise de voir "Monsieur Van Cleef, Madame Puissant bon nombre de mes collègues parmi la foule assemblée " « l'ensemble du personnel de la maison Van Cleef vint nous rejoindre et Madame Puissant me fit l'honneur de danser avec moi quelques tangos, fox-trot et Charleston….Le lendemain nous partions en vacances bénéficiant de quinze jours gracieusement accordés par la maison Van Cleef et Arpels, car aucune loi ne contraignait le patronat français à cette libéralité. »



Il y a quand même des incohérences dans ce livre, ce qui est gênant car ce livre est une bible pour la société Van Cleef et Madame R.....

Page 118:

"En 1937..., Monsieur Salière .....était assisté du neveu de monsieur Van Cleef, Jules Arpels.....celui ci tomba gravement malade et dut rentrer précipitamment à Paris où il mourut quelques jours après son retour"



Jules qui se faisait appeler Julien est mort le 8/4/1964!!!! et enterré au carré juif du cimetière Montparnasse à Paris avec Esther Van cleef Arpels et son frère.

Plus loin même page :

"Une troisième personne ravissante…SL;, divorcée, nièce d'un célèbre peintre animalier ami de la famille Van Cleef....le lendemain mon épouse était là, accourue en hâte pour faire cesser ces marivaudages. Quelques mois plus tard, S.L, devint madame Salière....j'appris pendant la guerre, qu'atteinte d'une encéphalite, elle avait mis fin a ses jours en se jetant dans la Seine."




Cette personne était S. Lehman la nièce de Jacques Lehman qui avait comme nom de peintre Jacques Nam, en effet grand peintre animalier, et aussi grand ami de Kiki, surnom d'Esther Van Cleef née Arpels, Jacques Nam est mort sans héritier connu, et sa nièce devint son héritière.

Elle mourut en 2009, et le fond d'atelier de Jacques Nam a été vendu aux enchères à Drouot en 2010 par Maitres Chayette et Cheval

Lu sur internet :
La carrière de Nam atteint son apogée à partir de 1920 et jusqu’en 1940. L’animal reste son sujet favori, mais l’étude des rapaces, des chats et des singes s’ajoute à celle des félins Il intègre ses études et illustrations dans la décoration d’appartements parisiens, ainsi un ensemble intitulé "Singerie" composé de panneaux décore le boudoir de Madame Van Cleef.

D'où la vente de ce fameux portrait de Kiki, réalisé en 1954. Ce qui pose un problème, c'est la dédicace :
Portrait de Madame Van Cleef Aquarelle, signée en bas à droite J. NAM 1954 "à mon ami Kiki en souvenir d'un voyage à Mougins.
Il ne l'aurait donc pas offert à Kiki ? Mystère., en réalité, ce portrait était resté à Mougins, mais Jacques Arpels mort, son -ème compagne mit presque tout en vente.


Il est intéressant de lire sous la plume de René Sim Lacaze que: la Maison Van Cleef et Arpels était réfugiée à Vichy avec une partie de son personnel dans une vaste maison  qui doit être celle ou Renée Rachel avait réinstallé VCA, après avoir été chassée de l’hôtel du Parc avec les autres commerçants tous israélites, sauf Louis Vuitton qui prouva qu’il était un bon Aryen (non il n'y a pas de faute), tellement bon, qu’il créa une usine pour fabriquer les bustes officiels du Maréchal qu'on installait dans les Mairies etc..Vuitton fut un grand "collabo"

En revanche madame Puissant n’habitait pas une suite à l'hôtel du Parc, mais une chambre au Majestic la N° 364, (Je sais c’est le même pâté de maison, mais ce sont deux hôtels très différents) et elle ne fut pas que "reléguée dans les étages supérieurs et les combles", mais changée d’hôtel, elle fut accueillie au "Queen’s Hôtel d'Angleterre) ou elle mourut.



René Sim confirme ce que j’avais découvert, Monsieur Roger Debled s’appelait Roger Levy et Monsieur Lacaze impute à Roger Levy Debled une lettre le licenciant, émanant du service du contentieux dirigé par monsieur Levy Debled. Grave accusation, sans fondement.

Monsieur Lacaze revint à Paris plaider sa cause mais il se heurta à un « non possumus » c'est-à-dire « nous ne pouvons pas faire autrement » au passage il égratigne Monsieur Levy Debled a qui il avait fourni de fausses cartes d’identité pour lui et sa famille afin de leur éviter le port de l’étoile jaune et plus tard la déportation…

Il situe ce licenciement après la mort de Renée Rachel, mais ce fut bien avant.

Henri Laroze, expert-comptable de la maison, a fait un rapport pour les allemands pendant la guerre 39/45 et il écrit
« Un ancien employé dessinateur, Monsieur Lacaze aux appointements de 8000frs par mois (2500€ de nos jours, mais le chef du contentieux n’en touchait que 6000frs), licencié en septembre 1940 est venu nous voir pour reprendre son travail. Comme il avait été licencié par Madame Puissant, gérante à cette époque pour des motifs que nous ignorons, nous n’avons pu donner suite à sa demande »

Or si savons par le dossier de l’Aryanisation que c’est Renée Rachel Puissant qui le licencia avec des indemnités, en revanche Mr Roger Levy Debled fut chassé de la maison par l'administrateur le joaillier René Bry nommé par les Allemands ( a l'époque rue Sainte Anne et après-guerre rue de la Paix), au fait qu’il était juif.

Dans ce rapport très précis, il est ajouté :

« Aucun changement de personnel n’a été effectué depuis le 6/1/1941 sauf deux licenciements par ordre des autorités d’occupation, (ordre du 16/12/1940)
Monsieur Roger Levy dit Debled, israélite, chef du contentieux depuis 1923 aux appointements de 6000frs par mois.
Melle Perla, dactylo, israélite de parents polonais israélites, depuis 1 an environ, aux appointements de 800frs par mois, les deux employés ont perçu le traitement du mois en cours plus trois mois d’indemnités de congés et préavis »


De même page 137 il est écrit qu'il s'était replié a Cuscute, je crois qu'il faut mettre cela sur le compte d'une faute de Frappe, car "Cuscute" est une plante holoparasite (pas de chlorophylle) ...en revanche le faubourg de Vichy c'est "Cusset" !



René Sim Lacaze qui avait croisé dans le métro Jean Goulet Mauboussin alors qu’il était en compagnie du Joaillier Sterlé, fut embauché par la Maison Mauboussin en 1941.
Il est étonnant de voir dans ce livre que nos grandes vedettes comme Michèle Morgan et Gérard Philippe ne furent pas touchées par la guerre, en revanche, dans le chapitre « l’atelier sous l'occupation » il n’y a pas de quoi s’étonner a propos des contrôles des services de la garantie…ou alors tous les bijoutiers joailliers de France sont aussi « considérés comme des parias…peut être hostiles à l'ordre nouveau ! » allons donc il en faut des contrôles dans un pays comme le nôtre, mais certains fonctionnaires manquent de discernement,

Donc, c’est un livre qui nous apprend certaines choses…,
Ce livre parle de sa vie avant et après son passage dans la maison Van Cleef, il parle un peu des personnalités pour lesquelles il a dessiné, sans tomber dans le style "Noblesse et Royautés ".

Fiche technique du livre :
Copyright  René-Sim Lacaze (Licence de copyright standard) Édition Erste Ausgabe
Éditeur  Franz Hemmerle Publié novembre 27, 2009  211 Pages

J'ai pu in extremis acheter ce livre par internet, in extremis, car sous la pression de la famille de Franz Hemmerlé le livre fut retiré de la vente.


En revanche, quand je lis sous la plume de Françoise Cailles que Renée Puissant a dessiné cela pour VCA, ....les mannes de René Sim Lacaze doivent se retourner dans sa tombe.

Pour le serti invisible, je rappelle que c'est Alfred Langlois qui l'a découvert et a réalisé les premiers modèles, que ses ateliers ont été après, repris et intégrés dans la maison Van Cleef et Arpels le 1/7/1932, leur sort a été réglé par l'Aryanisation, ci-dessous texte sur cette reprise et une phrase terrible



La Juive Mme Puissant



Bague dessinée par René Sim Lacaze pour du serti invisible je ne sais si elle a été réalisée à l époque mais Salomon dit Charles, l'a fait breveter aux États unis. Pourquoi lui?, pourquoi pas la maison? Peut être pour se faire un peu d'argent, car en 1937, il est tellement insolvable qu'il revend ses parts aux autres associés de la famille.

A l'époque il n'était pas possible de réaliser du serti mystérieux/invisible avec des diamants, c'est fait de nos jours par la maison Van Cleef et Arpels , quelle technique, quelles qualités manuelles!



Brevet de la bague dessinée par RSL pour un serti mystérieux, à l'époque, avec des émeraudes, voir à la fin de l'article




Réalisation récente de la même bague par Van Cleef et Arpels groupe Richemont

René Sim Lacaze avait une fille, toujours de ce monde heureusement, elle a épousé un joaillier allemand important et c'est désormais son petit-fils qui tient les rênes de la maison.
Un internaute de ses amis m'a écrit ceci

"Je suis né en 1937 à Paris, mais nous avons vécu avant la guerre à Boissy L’Aillerie, petite commune près de Pontoise. C’est là, après-guerre, que j’ai connu René qui possédait une maison secondaire. Je me souviens que vers mes 12-13 ans René m’emmenait peindre des aquarelles avec lui ! Il peignait beaucoup. Et depuis nous sommes restés très amis."

D'après lui René Sim avait deux fils Pierre et Bruno.

lundi 23 mai 2011

Marcel AKIBA, Meilleur ami de Renée Rachel Van Cleef Joaillier à Paris





Un renseignement me parvint d'une personne digne de foi, ayant bien connu la maison Van Cleef pour y avoir travaillé, elle et sa mère auparavant, au cours de notre conversation, elle me dit :

"Je me souviens aussi du meilleur ami de madame Puissant, Monsieur Akiba, Il était parti aussi en 1940 à Vichy, mais il était insouciant et menait grand train, il se fit remarquer et fut arrêté, je n'en ai jamais entendu reparler ! Si je me souviens, il fabriquait des gâteaux"

Un ami israélite, ayant connu René Rachel Puissant Van Cleef à Paris et à Vichy ?
Cette personne m'ayant dit qu'il avait été arrêté, peut-être une trace ?
Sur un site internet, trace d'un jeune homme de 18 ans, "Serge Akiba", déporté de vichy à Auschwitz, décédé en 1944 d'après Maitre Serge Klarsfeld. C'est une indication, mais il semblait à la personne qui m'avait renseigné que Mr Akiba se prénommait Marcel.

Donc, recherche habituelle, sites généalogiques, google, la ville, la région, département. Puis. Puis..puis un site, il n'est pas terminé, mais il y a un index !
Dans l'index; AKIBA Chantoub Sion Marcel: C'est le site de la fondation de la mémoire de la déportation dans l'allier.
J'écris et je reçois une réponse du président François Demaegdt (Merci Président)
"Malheureusement je n'ai que très peu de renseignements sur la famille AKIBA."

AKIBA Chantoub Sion Marcel
Né le 09-04-1893 à Constantine (Algérie)
Epoux de Fernande née AISIKOWITSCH 2 enfants Claude et serge
Réfugié de Paris 29, boulevard d’Algérie à Vichy (03) 25, route Nationale
Fabricant de biscuits 10, rue Bulot à Vichy (03)
Transféré à Drancy Matricule N° 13497
Déporté le 10-02-1944 de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 68
Décédé le 13-02-1944 à Auschwitz selon l’Etat-civil de Vichy
Sources : Recensements de 1941 et 1943, AM Vichy, PSV

Le président de l'association a dit ; c'est peu, mais c'est beaucoup, il faut juste tout vérifier, mais il y a déjà un indice "Fabricant de Biscuits 10 rue Bulot à Vichy"

Il faut tout essayer, les gens en général sont sympas, alors je cherche la rue Bulot à Vichy, je la trouve, Goggle street view n'existant pas pour Vichy, je ne puis voir l'immeuble, mais un monsieur y habite, il a un téléphone portable et une profession en rapport avec les médias...Oui sympa...
Il est trop jeune pour se souvenir …mais!...Il me demande d'appeler sa Maman qui habite l'immeuble, une retraitée dynamique et charmante, qui se met en quête auprès des voisins, des amis, des relations. Non ! Pas de fabrique de Biscuits, ils n'ont connu que l'immeuble, mais l'un d'eux précise, en 1947, il n'y avait rien, un terrain vague...
Bizarre, a qui était l'immeuble, il était peut-être à Marcel Akiba ..., une fois réduit en cendre à Auschwitz ????
Depuis j'ai pu me connecter à Google Street en effet au 10 rue Bulot l'immeuble est récent

Demander à Drancy ? je n'ai jamais eu une réponse de la ville et ce fut encore le cas. Le site sur le camp de drancy, mettez un nom et faites "enter" cela s'efface".

La Ville de Vichy, qui peut savoir...je téléphone, "avez-vous des vieux annuaires" ?  Ils avaient le meilleur standard téléphonique de la région sud en 1939, mais c'était en 39, maintenant !!

L'urbanisme à la mairie de Vichy, oui ...eux doivent savoir…je téléphone, le ton me fait comprendre que cela peut attendre mais je confirme par mail ma demande, ils l'ont reçue, et puis à force d'adresser des mails ! Une première réponse

Conseil général du Puy de Dôme, Mr Hours (je cite les gens qui cherchent et répondent)

Une liste dont j'ai extrait en tête de l'article la triste constatation :  Fernande, Claude, Marcel, Serge sont partis…, et ne sont pas revenus.


Cliquer pour agrandir toutes les images


Mais c'est celui que je recherche, car à Paris, madame Akiba, née Aisikowitsch travaillait chez Van Cleef.

La phrase du bas de la page est encore plus terrible, on ne sait rien.
Je ne poserais pas la question de leurs biens, affaires personnelles on ne sait rien. Peut-être la caisse de dépôts et consignations ? La milice ? Les GMR ??

Une adresse 26 rue Jean Jaures Vichy, il y a une boulangerie en bas de l'immeuble.
Une autre personne m'a dit qu'ils avaient été dénoncés et arrêtés en 1943, ils ont donc vécu un peu..., à Drancy.

Mais, son entreprise, où était-elle ?
Sur une autre liste je trouvais Serge Akiba avec une adresse différente de la rue Jean Jaures.

CONVOY 68 of February 10, 1944
AKIBA  Serge 13.01.27 Boulogne
VICHY 25, rue Nationale - Vichy

25 rue nationale, j'ai cherché, il y eut, peut-être.

Bien que sur le renseignement de Monsieur Demaegdt il est noté 25 Route et non rue, ... mais les biscuits ?


Deuxième courrier des archives départementales de l'Allier, Madame Garapon s'est intéressée à mon courrier et m'adresse 3 feuilles, on s'imagine un vieux classeur cartonné, de couleur verte, avec les angles renforcés en papier noir comme un carton à dessin, sous la signature de Monsieur Tranchard le directeur des archives il m'est précisé qu'il n'y a qu'un seul document, mais c'est cela que je cherche, si j'avais eu une page de plus, j'aurais su ce qu'il fabriquait, combien de personnes y travaillaient, etc.




C'est la liste des entreprises alimentaires en 1944, peut-être qu'il n'y a pas de 4 Eme page, car un mois plus tôt....




J'ai eu un autre contact qui m'a dit que Monsieur Akiba avait une belle affaire de boulangerie à Paris, Monsieur Akiba était séfarade, mais madame était ashkénaze et alsacienne, c'étaient des recettes de biscuiterie Alsacienne.
Etaient-ce des Bretzels ou des Winachts Bredeles

Marcel Akiba devait savoir pour Renée Rachel Puissant/Van Cleef, et s'il était son ami, il a dû pleurer. A-t-il croisé Elie Scali à l'enterrement car il y était ? Enfin je veux dire la mise en terre au "terrain commun", ce qui autrefois était appelé "fosse commune"

En 2015 j'ai trouvé cette fiche sur Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier:http://www.afmd-allier.com/PBCPPlayer.asp?ID=523093

AKIBA Chantoub Sion Marcel
Nous sommes à la recherche d'une photo.
Est né le 9 avril 1893 à Constantine (Algérie). Son père Isaac est négociant et sa mère Rachel née ADJAGE est sans profession.
Le 2 juillet 1923 il épouse Fernande AISIKOWITSCH à Paris (18ème) et ils ont deux enfants, Claude et Serge.
Il exerce la profession de biscuitier.
La famille quitte son domicile 29, Boulevard d'Algérie à Paris (19ème) pour se réfugier en juin 1940 à Vichy au 10, rue Bulot.
Marcel AKIBA est inscrit au Registre du Commerce et des Sociétés de Cusset (03) à compter du 24 septembre 1940 sous le N° 12550. Il déclare comme activité exercée: "Fabrication et vente en gros biscuiterie pâtisserie".

Les quatre membres de la famille AKIBA sont recensés comme Juifs français à Vichy conformément à la loi antisémite promulguée le 2 juin 1941 par l'Etat Français.



Source : Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.

La famille va ensuite être domiciliée 25, rue Nationale à Vichy. Il est arrêté à une date non connue avec son épouse et ses enfants. Il est transféré à une date non connue à Drancy où il reçoit le matricule N°13497.
Le 10 février 1944 il est déporté avec sa famille de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 68.
Il décède le 13 février 1944 à Auschwitz selon l'état civil de Vichy et le JO N° 50 du 28 février 1988.
Tout commentaire ou renseignement sera le bienvenu

Puis je complète le 21-02-2016, car je viens de recevoir la photo de Marcel Akiba, mais la donatrice tient a rester anonyme.

Marcel Akiba, assassiné a Auschwitz



Une amie, a retrouvé dans ses documents, une carte de 1941, très émouvante, cette amie sur cette carte c'est Michou, Marion, c'est sa sœur.
Elle est importante cette carte postale, car sous le bon Marechal Pétain tous les courriers étaient surveillés, lisez le haut de la carte "pas plus de sept lignes et pas d 'informations" la crainte de la fameuse 5 -ème colonne en réalité la vie sous une terrible dictature. Ceux qui ont lu la vie des Van Cleef ont compris. 
Marion Debled est la fille de Monsieur Lévy, qui avant-guerre était le conseiller juridique d'Alfred Van Cleef depuis 1922-23.
Il était juif comme Marcel Akiba, et il a été obligé de prendre le nom de sa femme, Madame Debled, il a survécu, ses filles aussi, et je dois cette carte à sa fille qui a 88 ans aujourd'hui en 2017.

Petit à petit l'histoire s'écrit.
Visitez le site : http://www.afmd-allier.com/PBCPPlayer.asp?ID=888937

Pour m'écrire : richard.jeanjacques@gmail.com


vendredi 6 mai 2011

Rares photographies de Monsieur Van Cleef et des Arpels de Paris


Madame Marie Leblanc était polisseuse en Joaillerie et madame Simone Bougy était enfileuse de perles Chez Van Cleef et Arpels de Paris.
Marie Leblanc était surnommée Tante Marie par les autres membres du personnel avant guerre, car une pièce était aménagée pour faire office de cantine chez VCA et c'était tante Marie qui s'occupait de cette cuisine. Elle était entrée chez Van Cleef en 1920, y resta 40 ans.

Chaque année et certaines, plusieurs fois dans l année, la maison Van Cleef et Arpels recevait son personnel.
Le personnel était très attaché a ces journées.




Sur cette photographie  qui daterait des années 1950 à gauche, madame 
Esther Van Cleef née Esther Arpels avec un manteau de vison et un beau "bibi"

Ce devait être ce jour là, une remise de médaille du travail et debout au milieu de la photographie Madame Leblanc, puis monsieur Roger Debled , il était chef du contentieux, je l'ai longtemps cherché ce Monsieur Debled qui en temps que "Gérant de VCA" avait réclamé  le 25/7/1947 au gouvernement  de Paul Ramadier la restitution des pièces que le commissariat aux questions juives avait  confisqué pendant la guerre. Elles ne le furent pas.
Tenant le texte de son discours, Jacques Arpels.
Il m'a été confié cette anecdote sur Jacques Arpels.


"A cette fête de fin d'année, Jacques Arpels "le Seigneur des Clayes" ainsi appelé par les gens du petit village ou se trouvait le Château appartenant à sa femme,  amenait toujours des pigeons du pigeonnier du château pour les offrir au personnel"

Je puis me tromper et je rectifierais si des lecteurs me donnent des précisions, les commentaires en bas de cet articles sont là pour vos réflexions.




Cette photo est prise à la Minaudière , on reconnaît les dépendances à gauche et le château au fond. Accroupi  ce serait  Monsieur Leblanc , la dame qui sourit avec une étole de fourrure en partie cachée par une dame de profil serait Renée Rachel Puissant, fille unique de Monsieur Van Cleef et dernière dirigeante Van Cleef de la maison. Cette photographie serait des années 30


Cette photographie est prise à la minaudière, le château qu'Alfred Van Cleef et Esther Van Cleef avaient acheté à Flins, du temps ou  ce n'était qu'un petit village.
Au centre de l'image le bras gauche sur la hanche une pochette à son costume, un gilet  et des guêtres sur ses chaussures, Alfred Van Cleef .
Il existe très peu de photographies de lui, je suis très fier qu'on m'ait confié celle-ci. 
A sa gauche, certainement un Arpels, mais lequel? Jules?

Entre l homme au cigare  et Alfred Van Cleef, monsieur Saliere(s?) directeur du magasin Van Cleef et Arpels de la place Vendome à Paris


Liste du personnel en 1941 Chez Van Cleef; publiée dans mon livre "l histoire des Van Cleef et des Arpels"



Maitre René Robert est conseiller technique et artistique
Mr Henri Larcer  est expert comptable
Le Directeur du magasin est Monsieur Turck
Mme  Roblet est dessinatrice chez Van Cleef.
Monsieur Hamelet est vendeur
Monsieur Georges Lecot est vendeur au magasin Van Cleef.
Melle Simone Bougy est enfileuse de perles Chez Van Cleef
Mme Leblanc est polisseuse
Melle Montanart est secrétaire
Mme ou Melle Bruck est secrétaire.*
Monsieur Cercus est chef comptable
Monsieur Acher est Comptable
Emile fournier est au bureau des courses
Jean Guillemaud est « de garde à la porte »
Mr Maurice Jean-Jacques est chauffeur*
Armand Contant est chauffeur
André Gaulon est électricien et technicien en toutes disciplines de la maison Van Cleef 
Il y avait aussi ce Monsieur "Debled" en réalité il s'appelait Roger Levy "dit Debled" il était déjà chef du contentieux il gagnait à l époque 6000frs par mois et fut licencié en janvier 1943 avec Mademoiselle Férris dactylo.
Monsieur Levy/Debled était dans la maison depuis 1923  et mademoiselle Ferris depuis un an , ils ont été licencié par l'administrateur Bry parce qu'ils étaient Juifs.
Nous avons vu plus haut qu'il avait été repris dans la maison à la libération.

Turck, Acher, Cercus, sont  tous trois porteurs de parts et associés dans la nouvelle société de monsieur le Comte De Leseleuc
C’est en 1941 que le célèbre dessinateur René Sim Lacaze demande à reprendre son travail  place Vendôme.
Sans que l’on sache très bien pourquoi Rachel Puissant Van Cleef l’avait licencié en septembre 1940 lui qui avait fait le style et le chic de la maison depuis 1926.
En 1939 ses appointements étaient de 8000frs par mois environ 3000€ de nos jours.
Les nouveaux gérants de VCA ne donnèrent pas suite à sa demande. Il fut remplacé par « Maitre René Robert »  « français aryen, ancien combattant de la grande guerre » reconnu comme joaillier créateur Art Déco dans l'entre deux guerres, il rentra chez VCA comme conseiller artistique avec la même rémunération que René Sim Lacaze, il avait aussi le droit de signer ses maquettes, dessins et pièces fabriquées

Un fait étonnant : j’ai longtemps cherché a quelle date Esther avait vendu le château de la Minaudière.
J’ai trouvé cet arrêté étonnant :
Elle a été expropriée  par une loi de 1936, et un décret de 1939.

La minaudière qui au début s'appelait "la Pepiniere", puis "Bois bodin" , et au début Alfred la nomme "La Mirandiere" puis avec le succès des années 30 "La Minaudière" en voici quelques photos





 * Mademoiselle Bruck


Secrétaire chez Van Cleef de Paris, Mademoiselle Bruck était la fille d'une grande actrice Rosa Bruck (photo ci dessus)
On disait de Rosa Bruck à l époque: 
"Elle avait un lien de parenté avec l'artiste la plus étonnante de ce siècle: Sarah Bernhardt.
L'idéale Floria Tosca est en effet la tante de Rosa Bruck, c'est pourquoi, a sa sortie du Conservatoire elle fit au Théatre Français une courte apparition et presque aussitôt quitta ce théâtre ou elle n'aurait pu assez vite se faire une réputation, pour entrer au Gymnase.
Une femme aussi jolie, aussi distinguée, aussi admirablement faite doit certainement être une source de fortune pour son couturier.
Celui de mademoiselle Bruck habille également sa tante; c'est Felix en effet qui fit les toilettes de la Tosca. Elle adore le luxe et les appartements somptueux."

Elle était adulée et connut un vrai prince Russe de qui elle eut un enfant.....cette jeune secrétaire de Chez Van Cleef de Paris