jeudi 27 janvier 2011

Van Cleef & Arpels de Paris: le Mystère René Marty



Qui est cet homme, René Marty? un homme que Mme Pascale Froment cite plus de trente cinq fois dans le livre qu'elle a consacré à René Bousquet.*
Cet homme dont plusieurs témoins disent qu'il fut le comptable de Van Cleef et Arpels place Vendôme!

Celui qui, d'après Arlette Scali auteur des "justes de Graulhet" et de "Une vie pas comme une autre" était l'ami de son mari et de Nenette Puissant (Renée Rachel Van Cleef), fille d'Alfred Van Cleef le fondateur de la maison.


Il est à la droite de René Bousquet (Vichy) sur cette photographie, il sourit, il a son chapeau dans la main gauche. D'après les témoins de l'époque, un petit homme rondouillard, très drôle.
S'il n'y avait pas les livres que je viens de citer, nous ne saurions qui il est, et pourtant ce me semble être la pièce maitresse du drame Van Cleef.

D'après le livre :"Une police de Vichy " de Alain Pinel, René Bousquet aurait confié le dossier des "GMR" (groupes mobiles de réserve) de Vichy à René Marty.

MARTY savait quel a été le sort de Renée Rachel Puissant-Van Cleef

Les gens qu'il a fréquenté ou la famille Arpels doivent le savoir aussi.
Marty avait 20 ans de plus que René Bousquet.
René Bousquet n'était pas sorti d'une grande école Parisienne, comme polytechnique ou autres, alors il avait tendance a cultiver "les amitiés de terroir".


Pascale Froment dans son livre si documenté sur René Bousquet explique que Marty avait été le condisciple du père de René Bousquet au Lycée de Rodez.
Arlette Scali dans son livre dit qu'il était comptable chez Van Cleef avant guerre, certains disent qu'il était comptable et homme de confiance de Monsieur Van Cleef.

Il est sur qu'il a été embauché après la guerre et une courte peine de prison pour collaboration, chez Van Cleef & Arpels place Vendôme.
J'ai contacté maitre Guy Bousquet le fils de René qui défend et je le comprends, la mémoire de son père, il m'a répondu:


Monsieur

Je ne peux pas vous donner d'indications à propos d'Elie Scali et de Nenette Puissant.

Concernant le colonel René Marty attention aux homonymes.
Mes souvenirs sont essentiellement affectifs.Il est né à la Nuejouls (Aveyron).Il fut militaire de carrière après une guerre de 1914 où il s'illustra. Très proche de mon pére à Vichy, il faisait partie de son cabinet extrémement restreint. Après la Libération, il a travaillé Place Vendôme Chez Van Cleef. Il est enterré à lanuejouls.
Veuillez accepter,Monsieur,l'expression de mes meilleurs sentiments.
Guy Bousquet

Je crois que cette indication est la bonne, c'est après la guerre, mais pourquoi ce colonel héros de la guerre 1914, est il embauché dans la maison Van Cleef ?



René Marty , aide de camp du général Dubail qui l'a beaucoup choyé, 
René Marty était directeur du cabinet de la grande chancellerie de la Légion d'Honneur, en photo ci-dessus.
Il avait 56 ans en 1945, pourquoi ce militaire de Carriere, va devenir comptable chez Van Cleef ? lui devait on quelque chose ? 

Marty était donc "chef du secrétariat particulier" de René Bousquet et fut nommé intendant de police par arrêté du 16/6/1942 (cité par Mr Pinel) mais il aimait se faire appeler Colonel.
Dans une déposition au procès de René Bousquet le 12/3/1945 il indique qu'il fut Directeur du grand Chancelier de la légion d'honneur, combien à ce titre a t il fait décorer de gens ?




Cliquez pour agrandir 



Nous savons qu'il a beaucoup décoré les Arpels, à l'époque il n'était que Capitaine.

Mais il a fait aussi décorer de la Légion d'honneur, les sadiques du SRAMAN (service de répression des menées antinationales)
René Marty en 1931 remplit plus précisément le procès verbal de réception de l officier de la Légion d'honneur "Alfred Van Cleef" et nous apprenons que le Capitaine René Marty était commandant de la compagnie d'engins du 5 eme régiment d'infanterie, lui même Officier de la légion d'honneur.




Marty , a fourni des Ausweis à Elie Scali, ex petit ami de Renée Rachel pour passer de zone occupée en zone libre.
En juillet 1940 Marty et Madeleine sa femme s'installèrent au Majestic avec les proches du Maréchal, en revanche Arlette Scali réfugiée a Graulhet envoya pendant le conflit des colis d'alimentation, des dindes, des oeufs.....à Madame Marty.
Madame Scali dans son livre "les justes de Graulhet" page 113 explique bien que Nenette Puissant (Renée Rachel Puissant Van Cleef, fille d'Alfred Van Cleef) comptait sur le Colonel Marty pour la protéger.

René Marty ce gentil garçon, à qui René Bousquet avait dit en l'engageant qu'il allait falloir "qu'il fasse un effort pour modérer ses méthodes un peu brutales"
Il a déclaré au procès de René Bousquet le 16/ juillet 1948 "Chaque fois qu'un Israelite est venu au cabinet de Mr René Bousquet, il y a trouvé protection".

Il donna comme exemple  "c'est le cas de Mr Scali, de Mme Puissant Van Cleef et de Mr Salomon, madame Puissant est décédée,, mais les deux autres personnes que je cite ne manqueraient pas de venir apporter leur témoignages"
Livre de Mme Pascale Froment.

Renaud de Rochebrune ecrit dans son livre "les patrons sous l occupation", que les Scali faisaient du Marché noir et pas avec les français.
Madame Puissant ne put venir puisqu'elle était morte, Mr Scali reconnaissant, défendit Marty,et s'arrangea pour le faire sortir de Drancy.
Lorsqu'Alexandre Jardin explique le pourquoi de son incompréhension vis a vis de son grand père Jean Jardin, il dit qu'il était impossible que le bras droit de Laval, ne puisse être au courant de la rafle du vel d'hiv, on peut dire la même chose de Marty.
Comment un Intendant de la police de Vichy, bras droit et secrétaire de René Bousquet aurait ignoré la rafle du vel d'hiv?
Et pourtant Jardin connaissait Marty et ils s'entendaient pour soutenir un gangster.



Les Archives parlent: d'Eugene Martres 


René Marty sur injonctions de René Bousquet fait prévenir (d'après Pascale Froment) les Scali qu'ils vont être arrêtés, qui envoie t-il en pleine nuit ?, une estafette a moto.....cet homme est Joseph Forchino, garçon de courses avant la guerre chez Van Cleef et Arpels...décidément!

Alors, comment se fait il qu'un homme qui est l'ami de Renée/Rachel Puissant Van Cleef (d'après Arlette Scali) avec la fonction qu'il occupait, installé à 200 mètres de l'hôtel de Rachel, ignora qu'elle avait été défenestrée au point de la laisser être enterrée dans la fosse commune du cimetière de Vichy. Fosse dont on ne la sortira qu'en 1946 après avoir réglé sa succession, une fois les Arpels réinstallés place Vendôme.
Ou sont passées les archives de la police à Vichy?



Dans le livre de madame Pascale Froment, comme dans celui de Guy Bousquet, un passage étonnant, d'après certains ce sont des frères Scali dont il s'agit .
Un enquête fut diligentée à la demande de la Cour de justice du département de la Seine contre René Marty, il était inculpé d'intelligence avec l ennemi, il est cité aussi dans un dossier de procédure contre la Gestapo Française de la Rue Lauriston, entre autres les fameux Lafont et Bonny condamné à la peine de mort le 12/12/1944 Donc Marty n'avait que de bonnes relations.

Madame Scali revit René Marty après la guerre (il était si drôle d'après elle que son Valet Edouard riait tellement qu'il ne pouvait plus passer les plats) elle recevait Louis Arpels dans les années 50 et se faisaient photographier ensemble sur les planches à Deauville. C'est elle même qui nous apprend qu'après la guerre, Jacques Arpels occupait l'appartement de Renée-Rachel à Paris. René Marty est embauché chez Arpels, car après guerre la société n'est plus que société Arpels.




Existe t-il encore des témoins ou des descendants de ces témoins de nos jours?
Oui mais ils ne m'ont pas répondu, sauf Guy Bousquet le fils de René Bousquet et une employée de l'epoque de la Joaillerie qui m'avait conté que Mr Marty réglait des problèmes divers car il avait gardé de nombreuses relations dans la police et les administrations

Quel drôle d'homme ce René Marty qui après guerre dit ignorer tout de la rafle du vieux port à Marseille , mais qui le 7/2/1943 dans une circulaire aux préfets signée de son nom, tire "les enseignements" des opérations marseillaises en vue d'autres importantes actions " susceptibles d'être menées d'un jour à l'autre"
Note de pascale Froment dans son livre René Bousquet

Marty n'a pas eu d'enfants.

Alors, quand on est juif, même en ayant fui aux Etats Unis, ou resté en France comme Renée Rachel, Lea Arpels et Jacques Arpels et sa femme, comment peut on engager un homme comme René Marty?


*René BOUSQUET,par Pascale Froment chez Stock, edition de 1994


1 commentaire:

  1. J'ai lu ce matin, sur votre blog, cette histoire d'embauche de Marty par VCA. Je n'ai été que moyennement surpris car je me suis fait souvent la réflexion que pas mal d'entrepreneurs juifs n'avaient pas été très regardants, ou, si l'on préfère, avaient fait preuve d'une grande magnanimité. À moins que ce ne soit de la naïveté. Voyez par exemple Bénouville chez Dassault.
    En son temps, Simone Weill, ministre de l'Équipement, est venue inaugurer un périphérique à Angoulême en partie dédié à un ancien maire de la ville, Thébault, qui avait commis un éloge bruyant du Maréchal au lendemain des rafles de juifs dans le département. La même Simone avait pour collègue Maurice Papon, en cour sous Giscard après l'avoir été sous le général de Gaulle, ce qui n'était pas gagné d'avance après ses exploits bordelais…
    Il me revient d'ailleurs que la justice ne l'a pas condamné au max parce qu'elle a retenu, avec la bénédiction de Klarsfeld Jr, l'ignorance sur la destination finale. Or, à Angoulême, il y avait en 39-40 un camp de réfugiés espagnols, et le simple inspecteur qui en était responsable avait convenu d'un code avec ses « pensionnaires » pour savoir ce qu'ils devenaient après rapatriement. Une lettre arriva, rapportant que tel rapatrié cultivait le champ trucmuche à Barcelone. C'était le nom d'un cimetière. Tout le monde comprit qu'il avait été fusillé et plus personne n'accepta le rapatriement. Quand je vois que la cour a bien voulu croire à l'ignorance d'un préfet, ça me fait rire (jaune).
    Le campus universitaire de Poitiers est traversé par deux avenues dont l'une porte le nom du recteur Pineau, qui, après avoir perdu un ou deux fils en 14-18, accepta sous Vichy d'être nommé maire de Montmorillon en remplacement d'un paisible élu radical.
    À Poitiers, Masteau, qui avait été député en 36, fut désigné maire sous Vichy, en remplacement d'un précédent maire nommé par le Maréchal, jugé trop mou dans la chasse aux francs-maçons et autres indésirables. Masteau rendit moult visites au Chef de l'État et donna ses encouragements personnels à des volontaires pour la LVF, etc. À la LIbération, il redevint très vite CG, puis un peu plus tard maire, puis sénateur. Enterrement en grande pompe à la cathédrale avec tout le gratin politique local, y compris socialiste.
    La Porte du Theil, des chantiers de Jeunesse, que l'attaque allemande de mai 40 surprit alors qu'il était à la messe…, fut élu après la guerre maire de Savigny-L'Évescault, petite commune de la Vienne, et le resta pendant plusieurs décennies.
    Lehideux ne se souvenait plus du tout que des décrets antisémites avaient été promulgués à l'époque où il était ministre du Maréchal : vraiment, il tombait des nues.
    Pardonnez-moi de m'être éloigné du sujet

    RépondreSupprimer

N hésitez pas a laisser un commentaire, même en anonyme ou écrivez à l auteur : richardjeanjacques@wanadoo.fr